Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen
Depuis 5 ans, nous avons travaillé au Parlement européen sur la politique d’asile proposée par la Commission. Nous étions parvenus, en commission des Libertés civiles, justice et affaires intérieures, à un accord sur chacun des textes et ce malgré nos divergences politiques.
Malheureusement, les États membres n’ont pas été capables d’en faire autant, les égoïsmes nationaux ont pris le dessus et les textes ont été bloqués.
Pendant ce temps, les migrants ont continué à arriver et aucune solution réellement européenne n’a été proposée.
Face à ce blocage, la Commission a décidé de proposer un nouveau Pacte dont le but affiché est de résoudre un certain nombre des écueils actuels, notamment la répartition des personnes qui arrivent sur le territoire de l’Union. Cette question cristallise les oppositions des États membres, entre ceux qui estiment faire tout le travail-les États de première entrée- et ceux qui refusent d’accueillir le moindre migrant -principalement ceux de Visegrad-.
La Commission avait deux options : proposer un mécanisme réellement solidaire et obligatoire de répartition. Aucun État n’aurait pu s’y soustraire sous peine de sanction. Ou bien permettre aux États membres d’échapper à leurs obligations grâce à une solidarité dite « flexible » qui n’a de solidarité que le nom.
Laquelle a-t-elle choisie ? La seconde évidemment. Dans les faits, les migrants seront mis en détention à leur arrivée, leur demande sera examinée de manière accélérée. Ceux ayant une nationalité à fort taux de reconnaissance du statut de réfugié pourront être relocalisés, mais cela ne concernera que très peu de gens. Ceux ayant peu de chance d’obtenir le statut de réfugié, resteront un maximum 12 semaines en détention. 12 semaines en prison. Avec pour seul crime d’être demandeurs d’asile. Ils seront ensuite renvoyés le plus rapidement possible vers leur pays d’origine.
Et la solidarité dans tout ça ? Et bien les pays qui ne veulent pas accueillir de personnes relocalisées, pourront sponsoriser les retours. On est bien loin d’un management fiable de la migration et de l’asile !
Sylvie Guillaume
Publié le 24 septembre 2020 à 09h09